En cette période de rentrée, beaucoup parlent de cartables numériques ou de l'arrivée de tablettes dans les classes... Mais qu'en est-il exactement, notamment en termes d'usage et de pédagogie ? Lokazionel vous propose quelques éléments de réponse apportés par Sylvain Fayol, directeur du développement aux éditions Nathan et Bordas.
Comment définiriez-vous le cartable numérique aujourd'hui ?
«Quand nous parlons de cartable électronique, nous ne parlons pas tant du support qui peut être un PC, un mac, fixe ou portable, une tablette, un smartphone... Nous parlons du fait que pour la première fois en cette rentrée, des éditeurs, en l’occurrence Bordas, Nathan et Le Robert, enrichissent leur catalogue de manuels et autres ressources éditées, lisibles sur n’importe quel support. Vous devez savoir que l’incompatibilité des systèmes d’exploitation rendait le travail d’édition difficile. En clair, au lieu d’un manuel papier commun à tous, il fallait développer un manuel numérique pour IOS, un autre pour androïd… Aujourd’hui dans le cartable de l’élève, mais aussi sur les ordinateurs disponibles chez lui, sur son lieu de vacances, partout et en tout lieu, l’élève pourra retrouver son manuel ou ses cahiers d’exercices qu’il aura préalablement téléchargés et rangés dans sa bibliothèque. Plus de cartable qui casse le dos, plus d’oubli, plus de perte…»
Quels sont les principaux avantages des outils numériques dans l'apprentissage scolaire ?
«Les ressources numériques sont nomades, accessibles partout comme nous venons de le dire. Mais elles correspondent également aux usages des élèves d’aujourd’hui et accroissent leur motivation. Enfin et surtout, en classe, elles permettent une plus grande différenciation pédagogique, les contenus peuvent être enrichis de parcours plus personnalisés qui répondent mieux aux besoins de chaque élève. Comme on l’aura constaté dans d’autres secteurs, les nouvelles technologies libèrent du temps utile pour un travail plus individualisé.»
Et les principaux inconvénients ?
«Tels que les enseignants les intègrent aujourd’hui, je n’en vois pas. Mais il est certain que nous n’en sommes qu’au commencement et que les pratiques pédagogiques évolueront encore beaucoup. Tous les travers d’un usage important des nouvelles technologies peuvent être « récupérés » pour les transformer en avantage. Par exemple, l’usage du SMS s’est beaucoup modifié. Il a été au départ une simple réappropriation de l’écrit avec des raccourcis incompréhensibles par la majorité des adultes mais il devient aujourd’hui une porte d’entrée à l’apprentissage de la langue.»
Quelle est la politique éditoriale des éditions Nathan et Bordas dans le numérique ?
«Nous travaillons sur deux plans : l’édition de ressources, manuels, bases d’exercices, entraînement ; mais nous participons très activement aussi au développement de nouveaux dispositifs d’apprentissages en étroite collaboration avec des laboratoires en sciences cognitives et neurosciences. Il est important de rappeler à ce propos le rôle de l’éditeur. L’éditeur est un chef d’orchestre, un coordinateur, il rassemble autour de lui des enseignants, des experts, il investit dans des recherches et dans l’acquisition de documents dont il libère les droits. Il teste auprès d’enseignants dans des situations réelles de classe ses productions. Les enseignants travaillent pour le plus grand nombre, en cela ils ont, et ce depuis l’origine de l’école obligatoire, participer grandement à la démocratisation de l’enseignement. La majorité des enseignants demande à pouvoir bénéficier de bons « outils » qui les mettent en confiance sans les enfermer. C’est la raison pour laquelle nos manuels sont tous adaptables par l’enseignant pour lui permette de les mettre au niveau de sa classe et de ses élèves.»
Comment articulez-vous le on line et le off line par exemple ?
«Nous devons proposer des produits numériques qui non seulement doivent fonctionner sur tous les environnements (Windows, Mac, Tablettes…) mais aussi dans les différents cas d’usage des enseignants et des élèves. Nous proposons donc les manuels accessibles en mode « cloud », c'est-à-dire que nos manuels sont soit lisibles en on line depuis n’ importe où, soit en off line après un téléchargement préalable. Et ce afin d’en maximiser l’usage quelque soit le lieu.»
Pensez-vous que les univers immersifs du type classes virtuelles ont un intérêt pour la pédagogie ?
«Oui mais ce n’est pas de la technologie pour de la technologie. Ces classes virtuelles doivent être avant tout centrées sur la pédagogie. Cette pédagogie pourra, grâce à ces classes virtuelles, permettre des apprentissages différenciés, une remédiation fine auprès des élèves en difficulté. Cette classe permettra aussi plus d’interaction entre l’enseignant et sa classe en privilégiant les différents types d’activités (one to class, one to one, one to group, one to home…).»
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