A l’heure du NO-CODE, vous allez dire que je n’ai rien compris, que je suis à la « ramasse »… Mais le site que vous consultez en ce moment même a été réalisé en php/html/css à la main d’un développeur amateur. Cet exercice de codage m’amuse finalement, tout en m’aidant à mieux comprendre comment tout cela fonctionne et en faisant travailler mon vieux cerveau pour éviter la sclérose… Gageons qu’en 2025, j’aurais le courage et le temps de bloguer à de nombreuses occasions quelques contenus qui pourraient vous intéresser.
De nombreux outils de travail collaboratif font leur apparition en 3D. Amphi-B, proposé par la société Immersiv-Lab, est l’un des derniers nés. Rencontre avec David Castéra, fondateur de cette jeune société.
Comment sont nés les Amphi-B ?
« A l’origine, nous avions créé un environnement de travail virtuel pour le Crédit Agricole. Ce « campus » numérique devait être installé sur les serveurs de l’entreprise et utilisé en interne pour organiser des réunions et des formations offrant un accès à de multiples utilisateurs. Mais un blocage est apparu au sujet de la sécurité des communications clients/serveurs et des différences de systèmes d’information entre les caisses régionales. »
Vous avez donc choisi une autre approche…
« Oui, un « campus virtuel » ou un outil numérique équivalent génère encore beaucoup d’inquiétude chez les décideurs. Une telle plateforme est perçue comme un risque par les entreprises. Nous avons donc choisi de limiter ce risque en leur proposant de louer des amphis virtuels à la journée, comme un vrai centre de conférence. Le risque n’existe plus pour l’entreprise. Nous proposons deux formules : la location sans accompagnement à 500 euros HT la journée ; la location avec une équipe d’accompagnement à 1500 euros HT la journée. Nous assurons la prise en main de l’outil pour les intervenants.»
Quel choix technologique avez-vous fait pour développer votre produit ?
« Nous avons choisi de développer notre environnement virtuel avec Unity 3D. Ce logiciel est très largement utilisé pour la création de jeux sur téléphone mobile. La base d’utilisateurs est donc très importante. Il nous a semblé le plus approprié aujourd’hui pour réaliser de la 3D sur le web. Mais dans ce secteur, les prochaines années verront sûrement de nombreuses évolutions… »
Quels sont les usages que vous souhaitez déployer ?
« Notre objectif ne vise pas une utilisation spécifique. Mais nous constatons que la principale utilisation faite de cet outil par l’entreprise est orientée vers l’extérieur : clients, collaborateurs éloignés, grand public, formation… Nous décrochons beaucoup de contrats pour organiser des réunions à distance à l’international. L’un des usages les plus fréquents est la présentation de produits aux clients de l’entreprise. Par exemple, Amphi-B a été utilisé pour organiser « l’université des clients » du Crédit Agricole. Une grande réunion d’information sur un thème de l’univers bancaire était proposée aux clients de la banque. Au-delà des usages actuels, nous avons l’idée de développer, entre autres, des réunions politiques. »
Quelles sont les fonctionnalités disponibles sur Amphi-B ?
« Les intervenants disposent de la voix, ils peuvent la donner à un participant et la lui reprendre. Les participants disposent d’un tchat public, privé ou par groupe. Les orateurs peuvent diffuser des fichiers word, pdf, powerpoint, des vidéos… Ils peuvent annoter les documents en live mais les modifications ne sont pas encore directement prises en compte sur les fichiers natifs. Nous travaillons à cette évolution. Pour l’instant, nous récupérons des copies d‘écrans. »
Quels sont vos autres projets ?
« Nous souhaitons maintenant décliner ce développement qui nous a pris deux ans de travail et qui est toujours en cours d’évolution. Colloques, réunions, jeux… autant de pistes à explorer. Nous sommes une petite société et nous nous centrons sur un ou deux services comme les visites virtuelles et les amphis. Par ailleurs, nous travaillons à développer un CMS capable de paramétrer une visite virtuelle comme on administre un site web, en étant capable de créer et de gérer les objets interactif présents dans l’univers 3D. Il serait possible, par exemple, d’ajouter des éléments 3D à l’univers pré-existant, y compris en leur attribuant de l’interactivité, simplement via une interface dans un navigateur web. »
Pensez-vous que la 3D apporte vraiment quelque chose ?
« Bien sûr ! Nous croyons vraiment en la 3D. D’autres solutions existent pour des suages similaires. Mais des outils 3D permettent un engagement et une implication des utilisateurs que nous ne retrouvons pas dans la visioconférence par exemple. L’immersivité, qu’il n’y a pas dans la visioconférence, demande d’être beaucoup plus attentif, le participant peut être interpellé à tout moment. Ces dispositifs apportent un aspect ludique à l’utilisation professionnelle. Nous croyons beaucoup à cet engagement des utilisateurs via un environnement immersif, comme les univers virtuels. Cet outil demande plus d’attention par rapport à des outils plus classiques et nos premières expériences montrent que les participants restent jusqu’au bout des événements. »
Vous êtes-vous intéressé à Second life ?
« Dans les années 2007 et 2008, nous nous sommes intéressés à Second Life dans le cadre d’un usage professionnel. Nous avons organisé des ventes privées dans des boutiques virtuelles, mais pour de vrais commerçants, avec de vrais achats. Le tout était proposé dans le cadre d’événements ludiques. Nous en avons conclu que la 3D dans ce type d’usage était intéressante mais trop compliquée pour l’utilisateur lambda. L’utilisation du navigateur web était incontournable pour sa simplicité. Nous avons développé notre solution sous Unity 3D pour résoudre ce problème. »
Et à OpenSimulator ?
« Nous avons bien sûr exploré OpenSimulator. Mais nous avons abandonné pour l’instant car le client est trop lourd, l’interface trop complexe. L’intégration dans un navigateur est vraiment un élément à ne pas négliger. Bien sûr, nous regardons de très près ce qui se fait, les évolutions… Mais il est difficile aujourd’hui de prévoir les standards qui s’imposeront demain. La solution pour démocratiser la 3D sur Internet reste son intégration dans un navigateur. Nous attendons beaucoup des nouveaux standards web dans les années à venir. »