Quelle est votre expérience sur Second Life ?
«En 2007 nous avons créé avec mon compagnon, Naastik Rau, une galerie virtuelle, Tournicoton Art Gallery qui se trouve actuellement sur la région Metaversel. J’y ai monté des expositions multimédias et transdisciplinaires, en invitant d’autres personnes à participer à mon travail, en co-création. Nous avons aussi accueilli des expositions, retransmis des concerts… Puis nous avons créé l’association Metaversel, association loi 1901, dédiée aux réalités mixtes.»
Pourquoi délaisser aujourd’hui Second Life après ces succès ?
«Second Life est un monde vraiment très riche, on y a vécu de très belles rencontres, on a pu se placer dans une dynamique d’expansion, travailler avec des gens du monde entier, voir une centaine de personnes aux vernissages et accueillir plus de trois mille visiteurs par mois. Mais quand on gère un lieu, un groupe, et qu’on commence à avoir de la notoriété, on vous place malgré vous dans un phénomène de compétition par le biais de la comparaison. Et alors vous devez aussi être attentif à votre image, au nombre de visiteurs, à la fréquence des événements, au référencement, et c’est une pression constante. En fait, j’ai eu envie de reprendre la maîtrise de mon espace temps, revenir à mon travail antérieur et à des choses plus simples. Le manque d’intérêt de la part de Linden Lab vis-à-vis des créateurs de contenus est devenu pesant aussi, beaucoup de lieux ont même fermé ou sont en surcis.»
Vous vous êtes donc tournée vers FrancoGrid. Pourquoi ?
« Fondamentalement, vous ne trouverez pas la même chose sur Second Life et sur FrancoGrid. Au début sur SL, il y avait un bel esprit de solidarité et d’entraide, maintenant c’est sur FG que je le retrouve. J’avais envie aussi de travailler non plus avec des artistes pour créer, mais plutôt de collaborer avec d’autres porteurs de projets. Et puis, en arrivant dans SL, il y a un phénomène émancipateur, mais au bout d’un moment ça se perd, on se retrouve dans un monde fermé, entre avatars. Ici, les acteurs d’OpenSim portent dans le réel ce qu’ils développent dans les mondes virtuels. Il ne s’agit pas de rester en vase clos, mais plutôt de créer du lien entre le réel et le virtuel. C’est ce qui me motive. Du coup, les avatars de FrancoGrid sont beaucoup plus en adéquation avec leur identité réelle, car ils sont vraiment là pour développer un projet. On peut le faire dans la confiance, dans le partage. Finalement avec les membres de Francogrid on se retrouve à parler la même langue, dans tous les sens du terme, puisque c’est un monde virtuel francophone.»