Louka est un petit garçon de 8 ans qui joue aux jeux vidéos de façon épisodique. Il pratique plutôt des jeux initiatiques avec des niveaux dans lesquels il peut progresser à sa guise : Kirikou, Azur et Azmar, Tintin objectif aventure, Garfield, Bionicle (un peu plus guerrier…), Wall-e, et récemment Toystory2.
Ses parents, très actifs sur Second Life, n’ont pas voulu l’exposer très tôt aux univers virtuels et, bien sûr, n’ont pas souhaité inciter particulièrement son intérêt pour ces plateformes virtuelles. Quand sa maman, Anne Astier, lui explique, à un moment propice, ce qu’elle fait sur Second Life, Louka commence à déambuler avec l’avatar de sa mère dans le lieu créé par ses parents. « Il aimait bien l'échelle de l'ange et aller au château de Citadelle sur Tournicoton, notre région», explique-t-elle. Plus tard, Louka accueille avec enthousiasme la proposition de créer son propre avatar qu’il nomme lui-même Flammo Lexico (à l'époque pour Second Life le nom de famille était imposé dans une liste…). C'était il y a quelques années…
En avril 2012, Louka a exprimé le souhait de créer un jeu vidéo et a insisté auprès de son papa (Naastik Rau dans les mondes virtuels) pour qu'il lui crée un chasseur, une araignée, des arbres… « Nous avons choisi FrancoGrid pour répondre à la demande de Louka car nous y avons un espace dédié mais aussi parce que la sécurité est totale. Nous lui avons mis une région à disposition », précise Anne Astier. Deux jours après son arrivée sur FrancoGrid, le jour de ses 8 ans, Louka commençait à construire tout seul et s'est approprié l'outil avec beaucoup de facilité, pour des constructions de plus en plus complexes. Et les niveaux ont commencé à se monter sur la sim…
Mémorisation, découverte et rapports aux autres
« Quand Louka s'initie à la construction 3D, il travaille sa capacité de mémoire, notamment quand il fait appel à sa visualisation personnelle pour reproduire le toboggan et les balançoires où il joue, un train, un camion de pizza, un ours… », constate sa maman. Et voilà Louka qui se met à faire des recherches sur Internet pour trouver des modèles d'esquimau, de gondole ou de maison vénitienne. Il apprend à spatialiser et à scénariser en prenant la place dont il a besoin. « Comme ses créations occupent la région entière, nous l’avons rebaptisée pour lui Metaversel Junior », s’enthousiaste Anne Astier qui précise : « Je pense qu'il y autant d'écart entre un jeu vidéo et un monde virtuel, qu'entre la télévision et un ordinateur équipé d'Internet. Autant nous surveillons le temps qu'il passe aux jeux vidéos. Autant là, il est dans un espace de création, de construction, de reconnaissance spatiale, de mémorisation, de découverte, d'estime de soi et de rapport aux autres. L'autre jour quelqu'un est venu visiter sa région pendant qu'il travaillait, il a crié pour que j'entende : Anne, il y a quelqu'un qui regarde !!!! » Et Louka a pris conscience que d'autres pouvaient entrer dans cet espace. Pour un petit garçon timide, « C'est un grand pas qu'il accepte d’organiser le vernissage de son exposition, il en est même très content, il a envie que beaucoup de monde vienne », explique sa maman. Pour le vernissage, Louka a donné lui même une invitation à sa maîtresse, à ses camarades, à sa mamine et même... aux vendeurs de la Grande Récré !
« Contrairement au jeu vidéo qui l'isole, la pratique de la construction 3D est un acte de création, de « reliance » à ses parents, puisqu'il nous a sollicités tous les deux pour l'aider, mais aussi aux autres dans une envie de partager », affirme Anne Astier. Pour un enfant, l’univers 3D est à la fois un super jeu de construction et un apprentissage des réseaux sociaux, sous la bienveillance, bien sûr, des adultes qui l'accompagnent et lui transmettent leur expérience.
Louka avait déjà cette collaboration créative avec sa maman, Anne Astier. Il apparaît dans plusieurs films ou expositions et très tôt, un site web lui a été dédié. Maintenant, le papa développe aussi un rapport non seulement au jeu, mais également à l'apprentissage technique, à la recherche d'informations, bref, aux usages des nouvelles technologies telles qu'elles ont intégré notre rapport quotidien au monde. La démarche de Louka s'intègre parfaitement à cette grande mouvance artistique autour des jeux vidéos.
De nombreuses expériences d'apprentissage des mondes virtuels auprès des jeunes sont réalisées en ce moment. « Récemment nous avons reçu des familles entières (le plus jeune avait 4 ans) en atelier découverte des mondes virtuels au théâtre liberté à Toulon », commente Anne Astier. Sur FrancoGrid, par exemple, Cheops a animé un atelier « build » avec des jeunes à Beauvais ; Tao, professeur de mathématiques, a un projet pédagogique permanent avec ses élèves de collège, en tant que prof de maths ; Praline accueille des enfants de 10/15 ans du 17 au 20 juin pour les initier ; sans oublier le projet de fenêtre sur chambre réservé aux enfants bulle d'un hôpital. De quoi donner de nouvelles ouvertures à nos enfants...