Reynald Werquin est un passionné d’univers virtuels et de 3D. Il est également engagé dans la vie citoyenne. Il a su allier ses deux centres d’intérêt dans son travail en créant BSE Group SAS, l’éditeur de la plateforme 3D-Ville. Explications.
Expliquez-nous ce qu’est BSE Group, la société que vous avez créée.
« Fan de 3D depuis longtemps, j’ai testé différentes plateformes comme Second Life, mais je n’y ai pas trouvé ce que je cherchais. J’ai donc créé BSE Group SAS, une société d’investissement dédiée à des projets innovants recourant à l’usage de la 3D. A travers cette structure, nous avons pu développer notre propre plateforme d’univers virtuels, 3D-Ville, avec la technologie BS Contact. »
Vous dites ne pas avoir trouvé votre bonheur sur Second Life. Pourquoi ?
« Je ne cherchais pas forcément un univers de création. Second Life est trop grand, sans véritables repères, vous pouvez y faire de mauvaises rencontres… Je cherchais un univers virtuel plus réduit, plus en lien avec le réel, capable d’informer et de créer du lien social réel. »
Pourquoi avoir choisi la technologie BS Contact ?
«Fondée sur du VRML, elle est plus simple d’utilisation que Second Life ou Opensim qui nécessitent, pour l’utilisateur, l’installation sur sa machine d’un logiciel (un viewer) qui s’avère assez complexe à manier. A contrario, 3D-Ville se télécharge automatiquement sur votre navigateur web et fonctionne sans problème. Nous proposons également une connexion directe via Facebook ce qui facilite l’accès à nos univers virtuels. Il faut bien comprendre que nos activités ne s’adressent pas en priorité aux « geeks », nous avons des utilisateurs réguliers de 86 ans. Nous visons plutôt la génération X que la génération Y… Seul bémol tout de même, pour les possesseurs de Mac, BS Contact rencontre des problèmes. Nous préparons notre migration vers 3D Unity pour offrir des univers encore plus accessibles à tout le monde.»
Quel est votre concept ?
«Nous voulons développer des réseaux sociaux en 3D sur la base de villes virtuelles avec pour objectif de faire se rencontrer les citoyens. Le but est de les faire communiquer entre eux via leurs avatars. Ce qui est peut-être plus facile que dans la réalité… Nous considérons la 3D comme un outil et nous proposons des services principalement fondés sur la notion de territoire réel (ville, région, zone de chalandise…). Nous y créons des événements virtuels dont le but principal est qu’ils se prolongent dans la vie réelle, notamment à travers des contacts, des rencontres.»
Pouvez-vous nous préciser ces usages ?
«Nous proposons aux collectivités locales d’utiliser la 3D pour offrir des services à leurs administrés : visite virtuelle d’un quartier en chantier, animation culturelle, permanence de services réels classiques... Le deuxième pôle est tourné vers les marques qui peuvent mettre en avant leurs produits dans nos univers tout en ciblant leur zone de chalandise. Nos univers restent liés à des territoires bien réels. Ainsi une concession Citroën peut faire la promotion de la nouvelle DS4 auprès d’avatars, habitant la même ville, qui sont des clients potentiels réels. Enfin, le troisième pôle s’attache à créer des événements de type conférence, concert ou exposition.»
Dans ce cas, pourquoi choisir un environnement 3D plutôt qu’un site Internet ou du Live stream ?
«Dans un environnement 3D, l’avatar, et donc le spectateur, est moins passif. Il voit les autres participants, peut leur parler, prendre des contacts… Il y a une réelle interactivité possible. De plus, le sentiment d’immersion, de participer à l ‘événement est plus fort»
Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
«Nous avons créé un salon virtuel de l’emploi sur lequel étaient présents les collectivités, les universités et les entreprises d’un territoire… En matière de formation, nous avons organisé des cours en simultanée pour les universités d’Austin et d’Angers. Les étudiants des deux établissements étaient dans le même amphi virtuel pour assister au même cours. Ils ont donc pu se rencontrer virtuellement, établir des contacts et échanger. Dans un autre domaine, nous avons modélisé un village de maisons neuves pour aider les acheteurs de maisons individuelles. Ils ont pu visiter virtuellement les produits des constructeurs, montrer ainsi leur projet à de la famille éloignée…»
Parlez-nous de votre opération avec l’Ecole Centrale ?
«Nous avons créé un espace virtuel dédié à l’Ecole Centrale. Cet environnement reproduit les bâtiments de cet établissement. L’objectif est de permettre aux anciens diplômés de s’informer sur leur école aujourd’hui, de renouer des contacts pour trouver un job ou recruter, de se retrouver entre eux. Le réseau des alumni est un atout important tout comme la qualité des formations. Nous animons cet espace en mettant à l’honneur, tous les mois, une entreprise créée par un diplômé de Centrale. Des animations sont régulièrement proposées et les inscrits reçoivent une newsletter pour les tenir informés des événements.»
Quel est votre modèle économique ?
«Nous vendons nos espaces virtuels aux collectivités territoriales (Angers, Poitiers, Montpellier, Saint-Maur…), nous vendons des espaces publicitaires ou des implantations virtuelles aux enseignes (une concession Citroën, un stand sur un salon, un panneau publicitaire…). Les commerçants qui s’affichent en 3D peuvent offrir des bons d’achat bien réels aux utilisateurs. Nous pouvons également offrir une prestation de service pour mettre en place des actions de formation à distance dans des classes virtuelles.»