Métavers, mondes virtuels, environnement 3D... Internet nous emmène dans une autre dimension. Mais pour y faire quoi ? Nathalie Vancluysen, Global Extended Reality Leader chez DXC Technology , nous donne des éléments de réponse à travers son expérience.
Comment définiriez-vous un métavers ?
Un métavers est un environnement persistant en 3D, un monde virtuel où les utilisateurs sont représentés sous forme d’avatar. Ils peuvent utiliser cet espace pour collaborer, travailler, jouer, développer des relations sociales. Beaucoup de métavers différents existent aujourd’hui. Second Life, Virbela ou encore AltspaceVR, la startup rachetée par Microsoft.
Quel lien faites-vous entre NFT et métavers ?
Nous constatons aujourd’hui que la cryptomonnaie se développe dans les métavers. Les créateurs transforment leurs œuvres numériques en NFT. Cela leur permet d’en maîtriser la propriété, ils peuvent ainsi échanger ou vendre leurs créations. Les NFT sont un bon moyen de déplacer la propriété d’un objet numérique d’une personne à l’autre en utilisant la cryptomonnaie pour le payer. Par exemple, nous verrons certainement se développer des vêtements et des accessoires pour les avatars, pour les personnaliser, et les NFT et la cryptomonnaie seront le meilleur moyen de gérer ses échanges entre membres d’un métavers.
Quel type d’environnement virtuel conseilleriez-vous aux entreprises ?
Pour les entreprises, je pense qu’il est important de créer un espace où vous pouvez accueillir les collaborateurs pour qu’ils puissent y travailler, pas seulement jouer ou se divertir. D’où l’intérêt de créer un environnement virtuel d’apparence professionnelle comme des bureaux, des salles de conférence. Ainsi dans notre plateforme virtuelle DXC, nous avons créé de petits bureaux où les salariés peuvent se réunir à deux, à quatre. Nous avons également des salles de réunion plus grande et de très grands espaces comme l’auditorium où nous avons organisé un séminaire d’un jour et demi dédié aux forces de vente, ainsi qu’un hall d’exposition pour plus de 1000 collaborateurs. Il est important d’avoir cet environnement d’apparence professionnelle pour une utilisation en entreprise et non quelque chose comme Second life qui peut s’avérer trop distrayant. Pour cette raison, nous avons choisi Virbela.
Vous utilisez les casques de réalité virtuelle dans le cadre professionnel ?
Le DXC Virtual World est accessible sur Virbela en 2D via un PC ou un Mac, mais il est également accessible avec un casque de réalité virtuelle. Vous n’avez donc pas obligatoirement besoin d’un casque VR mais si vous en avez un, vous pouvez rejoindre notre espace alternatif dans nos meta-salles de travail. Nous avons une communauté de réalité virtuelle qui se réunit régulièrement, dans les salles virtuelles, en utilisant les casques VR. Nous vendons également ce service à nos clients.
Quels usages faites-vous des métavers ?
Les métavers peuvent être utilisés en entreprise pour des actions de formation, des séminaires, du recrutement, des rendez-vous avec les clients et du team-bulding. Ce sont les principaux cas d’utilisation auxquels nous rajoutons le mentorat. Nous avons lancé un programme au Royaume-Uni auprès des jeunes diplômés qui viennent de nous rejoindre. Ils ne sont jamais venus dans un « bureau » depuis leur intégration. Ils n'ont jamais rencontré leur manager ni leurs collègues « en vrai ». Nous utilisons notre espace virtuel pour les mettre en contact avec des responsables de DXC plus expérimentés. Des activités de mentorat y sont menées. Autre exemple, mon équipe est internationale, je n’ai jamais rencontré en réel la plupart de ses membres car ils sont installés un peu partout dans le monde. Donc toutes les deux semaines, j’organise des activités pour mon équipe dans notre espace virtuel et nous participons ensemble à des événements virtuels, toutes sortes d’événements : le lancement de produit, l’accueil des nouveaux arrivants, des fêtes d’anniversaire...
Mais l’usage d’un métavers n’est pas naturel pour de nombreuses personnes...
C'est une vraie question. Nous constatons un grand écart entre les générations et la façon dont elles utilisent les métavers. La génération Z très à l'aise puisque ces jeunes jouent sur des plateformes comme Roblox ou Fortnite. Quand ils se connectent avec un avatar dans un monde virtuel, ils comprennent très vite les contrôles, les déplacements, les fonctionnalités... En revanche, nous avons constaté des difficultés pour la Génération X qui moins à l’aise avec l’outil et qui plus est, reste sceptique quant à son utilité. Il est donc important d’aider ces personnes-là. Il faut les accompagner dès le début pour ne pas créer chez eux un sentiment de frustrations face à la technologie. Après des sessions d’accueil réussies, nous constatons des retours positifs de leur part.
Avec quelles plateformes virtuelles travaillez-vous ?
En tant qu’acteur des métavers nous souhaitons rester ouvert tant en termes de plateforme virtuelle que de terminaux d’accès. Nous travaillons avec différents partenaires, Virbela est l’un d’entre eux. Nous apprécions Virbela pour sa facilité d’utilisation à grande échelle car nous avons besoin d’héberger de nombreux utilisateurs dans le monde. Cette plateforme est compatible Mac et PC et donc facilement accessible à nos collaborateurs. Mais nous sommes également un grand partenaire de Micrsoft AltSpace et nous collaborons aussi avec Meta. Nous sommes à l’écoute du marché, de la technologie, des startups. Il existe beaucoup d’acteurs de niche avec des solutions très spécialisées que nous aimons expérimenter
Pensez-vous que les métavers vont vraiment se développer ?
Je l’espère bien sûr ! La prochaine version du web sera une version en 3D, l’adoption de cette technologie prendra du temps. A l’image de ce qui s’est passé pour les débuts d’Internet, tout le monde était sceptique au départ... Déjà de grandes marques s’y intéressent comme Disney. Je pense que cela deviendra naturel, que nous naviguerons sur le web dans les mondes virtuels. Il faudra attendre longtemps avant que tout le monde soit équipé de casque VR mais la première étape sera d’accéder au métavers via un ordinateur standard. Mais je pense que les metavers vont se développer, que les acteurs vont comprendre les avantages de ces technologies.
Il va falloir convaincre les sceptiques...
Le meilleur moyen de convaincre les personnes hésitantes est de leur donner l’opportunité de tester les métavers, de les inciter à s’y connecter pour qu’ils y vivent une première expérience positive. C’est ce que nous avons fait en créant nos premiers événements virtuels, puis les participants ont souhaité créer leurs propres événements. Quand de nombreuses entreprises et marques inciteront leurs personnels et leurs clients à rejoindre les metavers, leur adoption décollera.
Les marques ont-elles un intérêt à s’intéresser au métavers ? Pour présenter leur produit par exemple... ?
Oui, nous le constatons aujourd’hui. Les métavers sont une opportunité de montrer leurs produits pour les marques. Plutôt que de voir des photos sur le web, pourquoi ne pas faire l’expérience du produit en 3D dans un univers virtuel ? Vous pourrez regarder des chaussures sous différents angles, être accompagné par un ami ou un vendeur. Vous serez chez vous, mais pas seul pour faire vos achats, ce sera une expérience partagée. Et donc très différente des achats en ligne d’aujourd’hui.
Quelle est votre offre en termes de métavers ?
Nous offrons différents services à nos clients, nous configurons des environnements virtuels en fonction de leurs besoins, le plus adapté à l’événement souhaité. Nous en assurons le déploiement, la fiabilité, la formation et le support technique. Nous pouvons également organiser intégralement l’événement virtuel. De la communication en amont à l’animation pendant de l’événement lui-même.
Les outils de visioconférence sont-ils menacés ?
Les métavers ne vont pas remplacer les réunions d’équipe ni même la visioconférence d’ici tôt. Il s’agit plutôt d’un outil complémentaire, un outil qui permet de réaliser de grands événements qu’il est impossible à faire en visioconférence. Rassembler des milliers de personnes par exemple ! Par ailleurs, en visioconférence vous ne pouvez pas rencontrer de nouveaux contacts par hasard pour faire du networking.