A l’occasion de la rentrée universitaire, Lokazionel a rencontré FacultedeDroitVirtuelle Destiny, l’avatar de la FDV sur Second Life, pour faire un point sur son campus virtuel.
On dit souvent que Second Life est compliqué, que pour pouvoir faire de la pédagogie, il faut notamment faire de la programmation. Avez-vous développé des outils informatiques spécifiques ?
« Non, au contraire. Second Life est un support parmi d'autres. Nous le proposons parmi nos outils au sein d la Faculté de Droit Virtuelle. Nous pensons que Second Life peut répondre, dans certains cas, à un besoin pédagogique. La pédagogie reste notre priorité. Nous ne sommes pas des développeurs d'application. Nous utilisons des outils existants. »
Comme Sloodle ?
« Oui, Sloodle est intéressant pour la gestion des accès à des salles réservées à des étudiants d'un diplôme, par exemple. Mais la version 2 du viewer de Second Life offre des fonctionnalités intéressantes pour la pédagogie comme les panneaux interactifs permettant de naviguer sur les sites Internet. »
Où en êtes-vous aujourd'hui de votre implantation sur Second Life ?
« Je ne veux pas passer pour un promoteur immobilier, mais nous en sommes encore à construire des bâtiments... La création de locaux virtuels est à la fois symbolique et pratique. On ne peut pas être sans toit dans Second Life ! De plus, nous avons débuté la réalisation d'un tribunal, la reconstitution à l'identique du palais de Justice de Lyon. Nous espérons y mener des simulations de procès. »
Cela représente un travail considérable...
« Oui, et nous ne pouvons pas être très exigeant sur les délais compte-tenu du fait de que notre bâtisseur est quasiment bénévole... au regard du travail fourni. Il fait un travail extraordinaire ! » - MerlinTilling
Quels sont les actions de formations que vous avez déjà mises en place ?
« Pour l'instant, nous diffusons nos documents pédagogiques sous formes de fiches (800) consultables via des présentoirs interactifs. En fonction des choix que vous faites, l'objet virtuel vous permet d'accéder à des fiches (fichiers au format pdf). En novembre, nous allons ouvrir un cours entièrement dans Second Life. Une avocate franco-canadienne y donnera un cours sur le droit des affaires canadien et québécois. Il sera ouvert à tous et ne sera accessible que dans Second Life. Ce cours s'appuiera sur un module Moodle et complété par cinq séances animées par cette avocate qui vit au Québec. Ceux qui suivront régulièrement ce cours pourront obtenir une certification. Par ailleurs, nos formations en e-learning vont aussi se servir de Second Life, pour communiquer et suivre leurs étudiants. L'idée est de rompre l'isolement. Un monde virtuel est l'occasion de matérialiser un lieu de formation pour des étudiants disséminés aux quatre coins du monde. Ils pourront s'y retrouver y compris en-dehors des séances prévues. Aujourd'hui, les responsables de ces formations y organisent des séances de chat pour faire le point périodiquement avec leurs étudiants. »
Comment réagissent les enseignants quand vous leur parler de Second Life ?
« Les enseignants sourient... au mieux. Nous devons d'abord réaliser des actions, leur montrer que nous ne sommes pas aussi fous que cela. Alors, ils viendront nous demander comment ça marche. »
Et les étudiants ?
« Il est un peu surprenant de voir qu'il sont souvent peu familier de Second Life et peu utilisateurs. Je peux le comprendre car SL est encore trop souvent assez vide. Nous voulons donc créer des contenus, du mouvement sur notre île, pour la rendre attrayante. Mais parfois, ils ne savent même pas que cela existe, ils ont juste entendu le nom. Ils ne sont pas curieux ! Les plus jeunes, eux, s'intéressent à Second Life car cela ressemble au Sim's en mieux, quand les plus vieux voient là un terrain de communication, voire de business. »
Etes-vous soutenu par votre direction ?
« Le Doyen de la faculté de droit nous soutient largement et nous laisse toute liberté pour développer notre projet. Ce en quoi il doit être vigoureusement remercié. D'ailleurs, il trouve son bureau virtuel très sympa ! Cette volonté est l'esprit qui anime l'action du Centre de Droit et Nouvelles Technologies qui gère la Faculté de Droit Virtuelle et mène ce projet sur SL... C'est un lieu en ébullition un peu à part. Nous pensons que notre rôle est de prendre part à l'innovation pédagogique. »
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