E-Tribart est la seule école exclusivement en ligne dont les formations en infographie 3D sont reconnues par la Commission Nationale de la Certification Professionnelle (RNCP). Créée en 2008 et dirigée par Laurent Bertran de Balanda, E-Tribart devrait devenir la première école entièrement virtuelle dans un monde 3D persistant dès 2014. Son directeur nous présente ce projet.
Présentez-nous votre école ?
«E-Tribart propose des formations exclusivement en ligne en infographie 3D: animation, effets spéciaux, composition de décors... Quelques années ont été nécessaires pour consolider nos contenus et obtenir la reconnaissance de l’Etat. Aujourd’hui nous sommes considérés comme une vraie école avec des formations entièrement dispensées à distance via un site web.»
Pourquoi décider d'installer votre école dans un monde persistant ?
«Cette école virtuelle en 3D est dans nos cartons depuis 2008. Aujourd’hui, la technologie est assez mature pour développer un tel projet. La principale raison de ce développement est bien sûr l’immersion de l’apprenant. Pour toute action pédagogique, le fait d’être immergé, plongé dans l’action, est un atout. Dans un monde persistant en trois dimensions, nos élèves se sentiront plus à l’intérieur d’une vraie école. Il y a là quelque chose de l’ordre du jeu… Deux ans de formation en ligne met la motivation à rude épreuve. Quelques élèves abandonnent en cours de route. Un univers 3D pour notre école devrait contribuer à éviter ces décrochages. Ceci dit, je pense qu’un élève réellement motivé aura le même investissement dans une formation en ligne que dans un cursus en présentiel. Le phénomène des étudiants qui “chauffent les bancs” au fond des amphis est bien connu…»
Votre public est quand même plus sensible que d’autres à ce type de support…
«Oui, bien sûr, nos étudiants sont plus sensibles à ce genre d’expérience car ils travaillent la 3D et veulent en faire leur métier. Ils pourront même participer à l’amélioration de l’interface en créant des décors pour certains lieux ou en développant des interactions avec du contenu. Le recours à ces espaces virtuels pour former des plombiers, par exemple, est sûrement plus difficile, tant l’expérience physique avec les outils et les différents matériaux est indispensable pour acquérir les compétences.»
La 3D apporte-t-elle des fonctionnalités nouvelles ?
«Non, pas spécialement. Notre objectif n’est pas forcément de créer de nouvelles applications pédagogiques mais de distribuer les enseignements en ligne de façon plus prégnante. Par exemple, dans une interface 2D, la visio-conférence montre la classe. Dans le monde persistant, l’élève va entrer dans la classe, rencontrer les autres élèves, discuter avec eux, se placer… L’implication est plus grande. Globalement, le monde virtuel aura recours aux mêmes outils : tutoriels vidéo, cours en direct, exercice à faire… Le contenant n’est pas là pour polluer la pédagogie, mais pour apporter une nouvelle mise en scène des contenus et multiplier les mises en relation.»
En fait, les mondes virtuels renforcent le lien social…
«Oui, nous y croyons beaucoup. Pour notre école, l’objectif est de multiplier les occasions de rencontres avec des professionnels, avec les professeurs et même avec l’administration. Un studio virtuel sera créé pour organiser des entretiens de stage ou de recrutement, un bâtiment sera dédié aux professionnels du secteur qui pourront y avoir un stand pour se présenter et les bureaux de l’administration seront également transposés dans le monde persistant. Les personnels d'E-Tribart seront connectés en permanence aux heures de bureau et pourront ainsi répondre aux sollicitations des élèves, comme dans une école en dur.»
Quelles sont vos innovations en termes de pédagogie ?
«Dès la rentrée 2013, nous déploierons notre nouveau système expert sur la plateforme 2D actuelle. Il consiste à orienter l’apprenant, directement en ligne, vers les sessions de formation qui lui correspondent le mieux en fonction de son niveau et de son objectif. Un débutant qui souhaite réaliser une scène 3D pour une image à diffuser sur le web ne se verra pas proposer les mêmes ressources que l’expert qui ferait la même scène mais animée pour le cinéma. Ce système est bien sûr transposé dans la plateforme 3D. Cette démarche s’inscrit dans une conception constructiviste de la pédagogie où l’apprenant joue un rôle central dans la construction, l’élaboration et l’amélioration de ses connaissances. Notre objectif est d’amener les élèves à créer leurs propres chemins de fabrication de scènes 3D ou de décors. Le monde persistant est un support adapté à ce genre d’approche.»
Quelle technologie utilisez-vous ?
«Notre site actuel est un développement à partir de Moodle. Notre première plateforme 3D a été construite avec Shiva mais nous utilisons maintenant Unity 3D. Les outils, les ressources et même les développeurs disponibles sont plus nombreux. Le monde persistant s’ouvrira directement dans la fenêtre d’un navigateur. Il présentera une interface 2D et une interface 3D avec une interactivité entre les deux: en cliquant sur un objet dans le monde virtuel, l’étudiant verra s’afficher le contenu pédagogique correspondant dans son interface 2D. Les tests grandeur nature seront effectués au printemps 2014 auprès de nos élèves pour une mise en production à la rentrée de cette même année.»
{jcomments on}